Les Contes

La bague de la Félicité

Il était une fois une jeune boxeur qui avait pour habitude de dire NON à tout. Dès que quelque chose ne lui convenait pas, c’était tout son être qui criait NON.

Il disait NON à la seconde place sur le podium,
NON à la pluie les week-end de pic-nic,
NON aux gens qui ne partageaient pas ses opinions politiques,
NON au reproches incessantes de sa compagne,
NON aux hommes qui mettaient du rouge à lèvre,
NON aux femmes qui portaient la moustache,
NON à la vie dans son entièreté.

A force de lutter contre toutes ces choses, son visage était devenu tout plissé, et son âme bien malheureuse. Il avait l’allure d’un gladiateur, mais derrière toute cette forteresse se cachait un cœur qui pleurait. Bien évidemment, il disait NON à ce chagrin et le cachait de sa mémoire pour ne pas avoir à le ressentir.

Un matin, avant d’aller s’entrainer sur le ring, il parti s’acheter un paquet de cigares au tabac de la place du village. Sur les rebords d’une ruelle, une vieille dame emplie de pustules mendiait quelques pièces. Traditionnellement, le boxeur disait NON aux mendiants et ne leur lâchait qu’un regard méprisant, mais cette fois, c’était différent. Il se sentait si ébloui par la lumière du visage de l’ancienne qu’il lui donna tous les deniers qui trainaient dans ses poches.

Pour le remercier, elle lui prodigua un trésor qui n’a pas de prix : une bague rosée aux allures mystiques.

Un mot y était gravé : OUI.

De retour chez lui, le puncheur contempla l’anneau comme un enfant émerveillé devant une fleur. Il la posa sur son annuaire, et des phénomènes paranormaux se manifestèrent. Des étoiles filantes se mirent à graviter autour de lui, et des roses de tous coloris poussèrent soudainement dans son salon !

En vérité, cette bague avait un pouvoir magique : le pouvoir de dire OUI.

Les jours qui suivirent cet évènement, le boxeur cessa naturellement toute lutte avec les choses qui le dérangeaient. Tous ses refus s’étaient transformés en adhésion. Tous ses NON devinrent des OUI.

C’était tout son être qui disait OUI au défaites sur le ring comme aux grandes victoires,
OUI à la pluie qui nourrissait les fleurs comme aux couchers de soleil qui rendaient les âmes amoureuses,
OUI aux démocrates comme aux Républicains,
OUI aux hommes qui portaient des talons comme aux femmes qui portaient des cravates,
OUI aux critiques de sa bien-aimée comme à tous ses câlins,
OUI aux tristesses, aux angoisses, aux colères qui hantaient son
cœur, comme aux joies qui illuminaient ses yeux,
OUI à la vie dans son entièreté.

Il avait même mit fin à sa carrière de boxeur pour se mettre à peindre les charmes de la vie. Il commençait à voir de la lumière partout, et à ressentir une Joie profonde qui n’avait qu’une seule cause : être en vie.

Le nouveau peintre était devenu un homme épanoui et radieux. Et je dois vous avouer qu’en tant que conteur, j’étais bien envieux de cet oiseau. Alors je suis allé voir la vielle dame dans la vieille ruelle pour lui demander comment être aussi heureux que le peintre sans posséder la bague de la félicité.

Et voici sa réponse :

Il suffit de dire OUI à toute la vie, en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance. Puisque ton OUI ne peut être causé par un bijou qui n’existe que dans les contes du Sivaland, alors qu’il soit le fruit de l’éclair de ta conscience, et de la force de ton cœur.

C’est sur ces belles paroles que ce conte se termina. Il sema en moi une graine d’espoir, celle d’être un jour aussi lumineux que notre ancien boxeur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.