Les Contes

Le sommeil du Roi

Autrefois fut un grand Roi qui avait gain de nombreux privilèges : une fortune inestimable, un peuple empli de gratitude, une reine divine et un cœur de saint.

Mais depuis peu, un trouble vint pourfendre son esprit.

On aurait pu songer à une éruption volcanique, une invasion barbare ou à une peste meurtrière. Rien de tout cela n’était vrai…

Le Roi avait perdu son sommeil.

Voici sept longues nuits sans cauchemars et sans rêves, occupées par de vaines ruminations autour du réchauffement climatique et de la déforestation du monde entier.

Sa santé affaiblie et son esprit perturbé, il prit quelques résolutions visant à reconquérir le royaume nocturne.

Il abolit l’heure du réveil pour pouvoir dormir le jour, mais les rayons solaires rendaient cet acte inconcevable.

Il but un breuvage aux vertus somnolentes, préparé par le vieux sorcier de la région, mais il ne put digérer cette liqueur aux épices bien trop prononcées.

Enfin, il fit appel à un grand homme aux talents uniques et aux origines lointaines : le marchand de sable. C’était un être fabuleux qui laissait tomber du sable sur les yeux des enfants pour les endormir. Par malheur, cette poudre blonde insupportait les pupilles royales.

Après avoir usé de toutes les ruses, tiré toutes les ficelles, et sacrifié une bonne part de sa fortune pour une Morphée qui ne venait plus, le Roi se résolut à ne plus chercher le sommeil, et ainsi à s’en priver à jamais.

Pour célébrer cet évènement exceptionnel, le Roi organisa un banquet sans fin. Du simple paysan au ministre le plus coriace, le peuple entier y était convié.

Restauration à la gastronomie esthète, orchestre aux sonorités dansantes, et ripailles des plus dionysiaques, il n’y avait plus aucune place pour les soucis et l’ennui.

Après une longue nuit à badiner, gazouiller, gambiller, aimer, le Roi sentit des fourmillements dans tout son corps. Sa bouche se mit à bailler, et ses paupières devinrent aussi lourdes que des enclumes.

Malgré ses dernières volontés, le roi s’endormait.

C’était un long sommeil de sept jours et sept nuits qui s’emparait de sa conscience.

À présent le Roi dort, et le conte à son tour.

Bonne nuit.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.